Tu es une voleuse, une criminelle. |Mus ♫|

You are a swindler, a criminal.

Tu es une voleuse, une criminelle. |Mus ♫| 187704Forest

« La forêt est le refuge des âmes en peine. »

Soleil éclatant. Humeur maussade.
Étoile Nocturne, bon meneur du Tonnerre, d'humeur habituellement maussade mais généreuse, s'était levé du pied gauche, comme on dit chez les Bipèdes. Il n'aimait pas le soleil, préférant la pluie et les ténèbres. A vrai dire, le soleil, il ne l'avait jamais aimé. Personne, pas même lui, ne savait pourquoi ; c'était ainsi, voilà tout.
Mais sa mauvaise humeur n'était pas entièrement due au soleil ; en effet, depuis quelques temps, malgré le retour de la saison chaude, le gibier se faisait rare. Les proies que les chasseurs parvenaient à capturer étaient généralement maigres, n'avaient que la peau sur les os. Comment trouver une explication logique à cela ? Véritable mystère.
Le meneur sortit de sa Tanière, bousculant le garde qu'il avait posté devant sans même lui accorder un regard. Ledit garde, outré, feula, mais un seul regard assassin d'Étoile Nocturne suffit à faire taire l'insolent.
Le beau mâle brun strié de noir traversa le camp à toute allure, ne prenant même pas la peine de répondre aux guerriers qui le saluaient. Devant le maigre tas de gibier, Étoile Nocturne marqua une pause ; puis, résigné, en bon chef qu'il était, il attrapa une maigre grive entre ses puissantes mâchoires et apporta la proie à la Pouponnière. Il partirait chasser le ventre vide.
Il sortit du Camp la tête haute, bien décidé à ramener au Camp au moins une proie qui n'avait pas que la peau sur les os, même si cela devait lui prendre une lune.
Instinctivement, Night se dirigea vers les Rochers aux Serpents. Il aimait cet endroit sans bien savoir pourquoi ; sûrement parce rares étaient ceux qui osaient s’y aventurer, par peur de se faire surprendre par une vipère ; mais le chef du Tonnerre n’avait nullement peur de ces bestioles.
Aussitôt arrivé, le mâle musculeux s'assit et, résigné, il s’immobilisa, bien décidé à ne pas remuer un poil avant qu’une proie ne se soit fait apercevoir.
Mais au bout d’un court instant, n’y tenant plus, le chef, épuisé, s’endormit sur une pierre, bercé par les gargouillis de son ventre vide.

♠

Il ne se réveilla que bien plus tard, alors que le soleil avait déjà atteint son zénith. Le courageux Étoile Nocturne, affaibli et affamé, se dressa sur ses pattes et se décida enfin à changer de terrain de chasse. Apparemment, les Rochers aux Serpents n’avaient pas grand-chose à lui offrir, aujourd’hui.
Après une toilette rapide et une série d’étirements libérateurs, Night s’apprêta à se remettre en chemin, sans savoir exactement vers où il allait se diriger. Une chose était sûre, il ne reviendrait pas au Camp bredouille, il était déterminé à ramener quelque chose, n’importe quoi.
Mais malheureusement, il n’avait pas prévu le léger contretemps auquel il allait devoir faire face... en effet, alors qu’il était sur le point de piquer un petit sprint, une odeur vint chatouiller ses narines. Une odeur de chat mêlée d’une fragrance d’eau et de poisson ; l’odeur du Clan de la Rivière, à n’en point douter…
En effet, le beau mâle brun ne tarda pas à apercevoir, tout près de la frontière du Clan du Tonnerre, une jolie chatte au poil noir à l’apparence soyeuse et aux yeux perçants, qu’il ne tarda pas à reconnaitre ; il s’agissait d’Étoile Musicale, la douce chef du Clan de la Rivière.

« Étoile Musicale ? Que fais-tu ici ? », interrogea le chef du Tonnerre.

Il détailla la minette de la tête aux pieds, soupçonneux. Son pelage était lisse, son regard pétillant, et son corps souple avait l’air en parfaite santé, sans compter qu’on s’apercevait bien qu’elle était nourrie convenablement… mais que venait-elle donc faire ici ?
Soudain, une hypothèse sauta aux yeux du meneur. C’était bête et irréfléchi ; et pourtant, plus il y pensait, plus il était persuadé que cette explication était la bonne.
Menaçant, il s’approcha de la pauvre Étoile Musicale. Il lui souffla dans le cou, puis plissa les yeux et lança, d’une voix inquisitrice :

« Hum, voyons… une chatte de la Rivière, sur les terres du Tonnerre, ou presque… tu venais nous voler du gibier, n’est-ce pas ? C’est de ta faute si nous n’avons plus guère de proies ces derniers temps ! Tu es une voleuse, une pilleuse ! »

Il la fixa d’un regard assassin, persuadé qu’il ne pouvait pas y avoir d’autre explication possible.

Up ?